Les citoyens d’Aït-Bouaddou ont répondu présent à l’événement du jour, en accueillant, aujourd’hui à Tizi Bwaklan, le premier meeting du MAK à l’occasion de la commémoration de la grandiose marche du 14 juin 2001 qui, pour rappel, fut réprimée dans le sang par le pouvoir algérien et instituée « journée de la nation Kabyle ». La délégation du MAK, composé de son président Bouaziz Aït Chebib, Hocine Azem, Kamel Chetti et Hsen Chirifi était déjà sur les lieux avant 10H, l’heure prévu pour le meeting. L’horaire et le soleil de plomb n’étaient pas les meilleurs alliés de l’événement, pourtant, la population était déjà là et ne cessait de grossir au fur et à mesure que le temps passait.
Ponctualité oblige, le meeting s’amorce à 10H avec une ouverture qui cède très vite la parole au président du mouvement kabyliste qui fera une rétrospective historique sur la contribution colossale des At Vuwaddu à la lutte pour la liberté et ce, depuis des siècles. Dans un kabyle impeccable, l’orateur revient sur l’étymologie même de la toponymie de la localité « At Vuwaddu » qui vient de l’expression « At Vu waldun » (ceux qui fabriquent le plomb) et ce, en raison du fait que la région fut, pendant longtemps, la principale source d’approvisionnement en munitions des soulèvements qui ont eu lieu en Kabylie, notamment lors du soulèvement de Fadhma N Summer et de Lmokrani ». Le rappel des faits et des événements qui font la gloire de la population locale qui fut un véritable fer de lance de la redoutable confédération guerrière des Igwjdal, ponctué par des noms d’illustres personnages de l’histoire de la région à l’image de Hma At lkaw (Ahmed Kouaou) qui fut l’un des principaux collaborateur de Lmokrani en 1871 et avec qui il avait comparu devant la cour de Constantine, avait agréablement surpris une partie de l’assistance, tant la connaissance de l’histoire de leur commune s’est révélée si familière dans la bouche de l’orateur du jour.
Dans son discours où l’insistance sur l’évolution naturelle de la Kabylie vers le recouvrement de sa souveraineté légitime, aura été la trame de fond, M. Aït Chebib reviendra avec beaucoup de tact, sur l’histoire de la Kabylie de la 2è moitié du siècle précédent, démontrant par des éléments factuels, l’isolement dans lequel la Kabylie a toujours évolué malgré sa bonne foi à cohabiter avec tous les peuples d’Algérie. « Ses luttes, ses sacrifices, ses tentatives multiples de construire un devenir démocratique et moderne commun, dans le respect des langues et des cultures présentes, ont systématiquement connu le même sort : une fin de non recevoir pour la simple et non moins significative raison que ça provenait de la Kabylie et que, souvent, les aspirations de celle-ci contrastaient avec celles des autres peuples dont le cœur bat en Palestine et à Riadh ». dira le président du MAK sous les applaudissements de la foule.
Il étayera son propos par le rappel des événements phares qui ont marqué la Kabylie, notamment « le printemps de 1980, la lutte anti-terrorisme islamiste durant les années 90, l’assassinat de Matoub Lounès et les sanglants événements qui s’en sont suivis pour aboutir à la plus grande des tragédies que les Kabyles ont traversé seuls, avec près de 130 morts, des milliers de blessés dont des mutilés à vie, un traumatisme collectif dont on connait à peine les répercussions…et ce, sans la moindre expression de soutien émanant des algériens qui sont si prompts à sortir dans les rues pour une caricature, pour une défaite au mondial de football, pour un seul mort en Palestine ou pour une moindre pénurie du lait ! ». Pourtant, rappellera-t-il avec gravité : « le congrès de la Soummam, le séminaire de Yakourène, puis les programmes du RCD et du FFS et enfin la plate-forme d’El Kseur, ont systématiquement mis l’intérêt de tous les algériens au-dessus de toute autre considération et ce, malgré le fait que c’est la Kabylie qui a toujours trinqué seule pour les autres. Cela n’a jamais suffit pour que l’algérien consente le moindre vote pour les partis et les organisations kabyles qui sont restés confinés au seul territoire de la Kabylie ! ».